‘Der Migrant’, l’édito qui ne passe pas

Avec son éditorial ‘Der Migrant’ Norbert Baksa pensait faire une déclaration de soutien à l’ensemble des migrants traversant le territoire hongrois. Mais en immortalisant Monika Jablonczky prenant un selfie dans des vêtements de luxe à côté de barbelés, il a déclenché une polémique qu’il semble ne pas avoir anticipé.

La mode a toujours su représenter et s’inspirer de ce qui se passe dans la société, mais il lui arrive d’aller souvent trop vite et de ne pas penser aux réactions qui peuvent en découler. Le photographe indépendant Norbert Braska en a fait les frais ce mardi lorsqu’il a publié sur les réseaux sociaux son éditorial ‘Der Migrant’, mettant en scène Monika Jablonczky tant en train de prendre un selfie avec un smarthphone ornée d’une coque Chanel, ceinturée par un policier, ou encore la poitrine dénudée devant un grillage de barbelé. Alors que la Hongrie est montrée du doigt par la communauté internationale pour son manque d’humanisme envers les réfugiés, cet éditorial de 13 images ravive un feu déjà bien alimenté sur le manque d’empathie européen.

Ce n’est pas la première fois que la mode se fait taper sur les doigts pour ce genre de projet. Il y a quelques mois, c’est une photo du pendant russe du magazine Garage qui a fait trembler le web, car on pouvait y voir Dasha Zhukova, compagne du milliardaire russe Roman Abramovitch, répondre à une interview assise sur une chaise composée d’un coussin en cuir et d’une reproduction de femme noire. Accusée de racisme le bureau de presse 24/7 et le magazine avait dû s’excuser. Mais les excuses semblent bien pâles face à l’emballement médiatique. Norbert Braska a même retiré les photos de son éditorial et a présenté une note d’excuse, les deux ne sont actuellement plus visibles sur son site. “Concernant les réactions” commence-t-il, “j’espérais que les gens se rendraient compte que la situation est très complexe. Je ne comprends pas comment ils peuvent prendre une position claire alors que nous sommes inondés par des informations contradictoires via les médias, donc personne n’a une véritable connaissance de la situation dans son ensemble. C’est exactement ce que nous avons essayé de représenter : vous voyez une femme qui souffre, qui est aussi belle et malgré sa situation, a quelques pièces de grande qualité et un smartphone.” Mais cette explication est loin d’avoir calmée les internautes, désormais jury online et en instantané de ce qui peut se passer à travers le globe.