Cette semaine, l’Europe a élu le FN et les Etats-Unis ont démasqué le tueur d’une tuerie misogyne à Santa Barbara. Mais de l’autre coté du commun des mortels, un fan invétéré de Brad Pitt n’a eu d’autre désir que de le … frapper au visage. John Lennon revival? Pitié non.

Nous sommes d’accord, le concept du “fan” a toujours existé. A l’époque, ces “adeptes” se contentaient d’éprouver une forte admiration pour leur idole, souvent religieuse d’ailleurs. Mais la notion de market-people brodée autour des célébrités a tout amplifié, notamment avec la montée en puissance de stars comme notre Johnny Halliday national. On peut évoquer le fameux concert à l’Olympia de Gilbert Bécaud, où les spectateurs n’ont pas hésité à casser toutes les chaises qu’ils trouvaient sur leur passage. Là, on a commencé à sentir le paradoxe de l’amour et de la violence et les spécialistes se sont mis à parler d’une forme de fanatisme. Ah, d’accord. Collectionner des chewing-gums, posters, selfies et autographes. Vider les poubelles (oui) : tout ce qui se rapproche à l’intimité de la célébrité est bon à prendre, en s’évadant bien largement de sa notion artistique.

C’est dans ce charmant climat de physique ingrat et manque de vie sociale mal assumés que Brad Pitt reçu un coup de poing au visage mercredi soir alors qu’il signait des autographes avant la première de Maléfique. Un homme n’a pas hésité à sauter par-dessus une barrière pour attaquer l’acteur. Loin de surprendre, cette affaire a rapidement été assimilée à un dénommé Vitalii Sediuk. Journaliste ukrainien de 25 ans, le petit homme est tout bonnement connu pour être l’ “enlaceur des stars”. Mignon. Au Festival de Cannes, il s’était jeté à terre sur le tapis rouge pour enlacer quelque secondes les chevilles de la star américaine America Ferrara. Ainsi, elle avait paisiblement rejoint Will Smith, Madonna, Adèle ou encore Leonardo DiCaprio sur son joli tableau de chasse.

 

Instant love volé à Will Smith
Instant love volé à Will Smith

 

Sociologue et chercheur à l’INSEP, Patrick Mignon décrypte le concept de « fan » et distingue deux types de fans classés selon l’organisation de leurs schémas de comportements et leur mode de fonctionnement vis-à-vis de la personne admirée. On parle d’une part d’un fanatisme à fonctionnement « interne » qui ne cherche pas à établir de rapports directs avec la personne qu’il admire. Le normal, le sain, celui de l’ado équilibrée qui aimerait bien ressembler à Selena Gomez. Et puis de l’autre part, on a ce fanatisme à fonctionnement « interne ». Et là, on fait tout de suite dans le dark. Car c’est cette identification à l’artiste qui a besoin d’être extériorisée et donc d’être saupoudrée d’interaction avec lui. Le suivre, l’observer, le toucher. Toutes ces charmantes choses. Déjà bien relou, certains ne s’arretent pas là. En effet, cet amour peut aller très loin et  se transformer en haine meurtrière. Oui, nous pensons à John Lennon, victime la plus célèste de ces fans dégénérés. Mais détrompons-nous! Il n’est pas le seul ! En 2009, le pape Benoît XVI est agressé par une femme de 25 ans3 qui le pousse violemment, le faisant chuter à terre, le pauvre vieux.

Des actes extrapolés ou extrêmes qui sont pris très au sérieux. Surtout depuis 1981, quand un fan dérangé a tenté d’assassiner le président Ronald Reagan pour attirer l’attention de Jodie Foster. En 1989, le meurtre de l’actrice Rebecca Shaeffer par un fan jaloux de ses romances à l’écran a entraîné le passage de plusieurs lois de protection de la vie privée.