Que vous connaissiez ou non le travail de Julien Lachaussée vous serez impressionné par la qualité de ses portraits tout droit sortis d’un regard sur l’underground invisible à l’oeil commun. Argentique et noir et blanc le tout est pris sur le vif. Toutes ses images se plaisent à raconter une histoire qui se raconte à l’Imprimerie dans le Marais jusqu’au 9 mars et pendant le Mondial du Tatouage. On a rencontré cet ancien collaborateur Modzik qui pose plus d’un pied sur le chemin du succès !

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« J’ai photographié des bad guys, des mecs d’ 1m95 et 130 kg » raconte Julien, devenu guide privé de la visite de son exposition rue Saint-Merri, dans le Marais. De « beaux bébés » que Julien Lachaussée aime à photographier. Après une école, des cours du soir, plusieurs petits boulots, le jeune homme destiné à être skateur professionnel, mais avant tout à faire du skate « all day long », s’est lancé dans la photographie en bossant pour un concept store Levis puis dans la mode en tant qu’assistant. Depuis 7 ans en freelance, il a collaboré pour plusieurs magazines avant de sortir, en 2011, son livre, sous le nom d’ « Alive, tattoo portrait ». Un livre composé de portraits de gens tatoués : « Car c’est rock’n’roll, cool et parce que je commençais à shooter des proches tous tatoués », explique-t-il.

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HOYA  / MAD BALL / Groupe de HARDCORE (BASSISTE)

« Mes photos ont du vécu. C’est d’ailleurs pour cela que j’aime le face à face et que mes sujets me regardent dans les yeux », décrypte le jeune photographe à l’allure dégingandée. Et puis il y a surtout le fait que Julien ne photographie que des gens « assez durs ». « La plupart du temps je peux pas leur demander des poses de mannequin », s’amuse-t-il. Tatoués et musiciens sont les sujets de ce portraitiste qui lie musique et subculture. Rock mais aussi hip hop : « La musique, c’est lié à moi. Je fais du skate depuis longtemps et quand tu fais du skate, tu écoutes de la musique pour te motiver ! ». Suicidal Tendencies, Beastie Boys, Cypress Hill (qu’il a photographié) ou encore Dizzy Wright font ou feront surement partie de ses derniers portraits.

Dizzy-Wright

DIZZY WRIGHT/RAPPEUR US

« Dans cette exposition il y a ¼ de photographies de mon livre et le reste fait partie de mon nouveau projet basé sur la culture skate, hip hop et hardcore », confie-t-il en montrant la photo de Dizzy Wright, ce rappeur issu de la nouvelle génération hip hop, suivant Tygga ou Asap Rocky. L’air abandonné, fumant un joint, l’artiste s’est prêté au jeu et a dévoilé aussi ses tatouages, torse bombé. « Souvent plus se sont des grandes rock stars et plus ils sont difficiles à avoir, il faut trouver le lien le plus direct pour les rencontrer, raconte Julien sur sa méthode de travail. Mais quand ils voient mon livre ils se disent : bah attend si eux l’ont fait c’est que c’est cool et ça les convainc».

Notamment pour que les gens se mettent torse nu. Le livre offre une légitimité qui donne l’opportunité de voir ces musiciens se livrer directement à l’oeil de son appareil. Le milieu le plus facile à aborder, reste celui du skate et de la street culture, « C’est des gens cool, de la rue, il y a un état d’esprit comme les surfeurs, snowboarders… » ajoute Julien.

LARS

LARS FREDERICKSEN / GUITARISTE RANCID

Le skateur que désigne le photographe porte des tatouages, dont celui d’un pape, assez décalé puisque comme confie Julien. Le personnage a toute une légende autour de lui : «  c’est le premier skateur a faire son coming out ! Je trouvais ses tatouages géniaux et quand tu vois la photo, il a même pas de slip ! », un reflet parfait de ce qu’il est, en somme.

Pour shooter, Julien se doit d’être tenace : « Lars Fredericksen je l’ai convaincu grâce à son crew de new-york hardcore le D.M.S Crew, je me suis glissé en backstage avec un ami et comme j’avais déjà shooté Agnostic Front qui fait aussi parti du crew, je suis allé voir son garde du corps, Chris qui est super impressionnant, qui ne décroche pas un sourire, j’ai été au culot et j’ai sorti les photos que j’ai fait et il m’a dit : moi aussi je fais partie du D.M.S faut que tu me shootes ! On l’a suivi dehors, ils ont enlevé les tee-shirt et ils m’a ramené les membres de Rancid, un par un. C’est une culture américaine , ils aiment se montrer, tu es dans le show alors qu’en France on est timide. Eux, c’est des vrais aussi ils ont pas besoin d’aller à la salle de sport, se mettre torse nu ils s’en foutent», narre le photographe, dans un récit brillant de spontanéité.

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Dans ses photographies on retrouve aussi quelques compositions déjantées et…culottées comme celle de ce skateur torse nu tourné vers la vierge Marie dans une église parisienne…skate à la main : « On a du faire plusieurs tentatives pour cette photo car on s’est fait jeter. On a fait ça en 5 minutes. On aimait l’idée de faire sa prière avant d’aller faire sa figure. Comme si tu priais pour ne pas te casser un truc ! », une des rares photographies en couleur qui annonce une nouvelle communication sur laquelle travaille Julien autant avec du Polaroid que du moyen format, mais « toujours en argentique ». Car depuis sa formation, Julien n’a pas lâché ce grain. « Quand j’ai fais Lars Fredericksen, il m’a dit : tu as 6 photos ».

En gros : pas le droit à l’erreur, et c’est ça aussi qui passionne Julien, l’adrénaline liée à l’aventure. Son prochain portrait ? Au choix Axel Rose ou Lil Wayne ! Mais celui qui l’a vraiment marqué, c’est le portrait très difficile à avoir de Josh Homme de Queen of The Stone Age. « On m’a dit : tu l’auras jamais, et quand on me dit ça, ça me donne plus envie de le faire ! Quand je l’ai finalement eu je me suis dis : tout est possible en fait. Il ne faut juste rien lâcher ! »…

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Julien LaChaussée expose jusqu’au 9 mars 2014

L’Imprimerie
16 rue saint-merri, Marais, paris