Cette année, on a décidé de braver la faille spatio-temporelle qui sépare le virtuel du réel en se rendant à la troisième édition du Transient Festival, l’évènement où se mêlent musique électronique et arts numériques. Par Boris Zawodny.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, le Transient Festival allie la fête à l’expérimentation, le clubbing aux arts électroniques, bref un joyeux bordel qui met la culture numérique à l’honneur. Pour une nouvelle édition, l’évènement se déroulait cette année du 2 au 5 novembre dernier, sur trois lieux : le Cabaret Sauvage et la Flèche d’Or à Paris, les Instants Chavirés à Montreuil. En tout, quatre jours dédiés aux arts électroniques et aux cultures numériques avec des concerts, des expositions, du clubbing et des innovations. Au cœur de la programmation du Transient Festival, une grande diversité des pratiques artistiques, art numérique oblige, accompagnée de styles de musiques électroniques tout aussi éclectiques. Le tout en live, histoire de privilégier pour le public une approche réaliste des outils de création.

Transient cabaret sauvage

On a choisi de se rendre au Transient Festival le samedi soir, où tout se passait au Cabaret Sauvage, un peu perdu quelque part dans le quartier de la Villette. Un choix surprenant, car le lieu se trouve être finalement plutôt petit pour accueillir un festival. Mais il est surtout doté d’une atmosphère assez bohème qui dénote avec la modernité du festival. Alors certes le paradoxe est intéressant, mais le décalage ne permet pas une totale immersion dans les œuvres, car malheureusement le décor rend le contexte plus présent que nécessaire et prend parfois le dessus sur les œuvres exposées. On apprécie quand même le format rond de la scène, entourée d’alcôves qui se transforment en petites backrooms. La bonne idée de la soirée qu’on a eu, c’était de se pointer au Transient muni d’un iPhone en fin de vie. Adieu posts Instagram léchés, la pénombre règne en maître. Seuls quelques éclairages rouges et une lumière du mapping permettent de percevoir le décor et la foule. On a dès lors lâché les réseaux sociaux pour se concentrer sur les œuvres et les performances.

Transient festival report

Si les petites installations présentées sur la terrasse permettent de s’aérer le temps d’une petite pause et d’échanger avec les autres, le gros de l’exposition ne se trouve pas là. Parmi toutes les œuvres exposées dans la tonnelle, c’est l’installation CORE.PAN de Sybil Montet et Simon Kounovsky qui sait tirer son épingle du jeu et capte notre attention. Œuvre transmedia conçue comme un processus de recherche, elle développe une réalité d’anticipation entre web, réalité virtuelle, vidéo, installation et hologramme. Avec son côté très tendance, c’est à dire dans l’air du temps des œuvres numérique à la mode du « post internet », on s’est laissé captiver par cette installation assez hypnotisante et surtout très belle à voir.

transient festival live report

Côté live, on a apprécié la performance de Sylvgheist Maëlström, ainsi que celle de Samuel Kerridge. Pas vraiment connu parmi toutes les têtes d’affiches du festival, il a su se faire remarquer avec une performance musicale expérimentale pleine de sincérité, de sensibilité, d’amour et de violence. Niveau visuels, Samuel a misé sur un simple jeu d’ombres de lui et de ses machines, projetées sur un mur derrière lui. Un choix minimaliste qui arrivait à dégager une esthétique et une atmosphère burtonienne, une véritable expérience audiovisuelle transcendante !

Si le festival a encore besoin de peaufiner quelques petits aspects – notamment au niveau de la scénographie – pour sortir définitivement du côté amateur, on a apprécié cette interlude Transient où virtuel et réel se croisaient enfin dans un évènement pointu, spécialement dédié à l’expression numérique. Merci et à l’année prochaine !

Photos :  Tom Jö et Margaux Brisson