Avec un premier album à la beauté ténébreuse, Trust se complaît dans les zones d’ombres, les pas de danse désabusés et les amours lancinants. A l’occasion de son passage à Paris, le Canadien, Robert Alfons, est venu nous présenter sa pop synthétique et son caractère moins morbide qu’il n’y paraît.

“J’ai parfois besoin de faire de la musique comme on ferait l’amour. » Robert Alfons a le mérite de parler de sa musique honnêtement. Avec son groupe Trust (à ne pas confondre avec les hard-rockeurs français), le Canadien diffuse une musique sombre et infectieuse, aux allures de darkwave sexuellement explicite. « J’ai, de toute évidence, une bonne partie de mes influences qui sont issues de la new wave et de la cold wave, mais j’espère pouvoir prétendre faire quelque chose de plus personnel qu’un simple copier-coller. Je mets beaucoup de moi-même dans ma musique, elle touche directement à mon intimité. Sur ce disque, certaines chansons ont été écrites il y a plus de 4 ans, et d’autres sont toutes récentes. J’aime beaucoup l’idée d’avoir un album qui s’étend sur une longue période, cela permet de livrer un portrait plus large de son auteur.”

Formé en 2009, en compagnie de Maya Postepski (batteuse du groupe Austra), Trust a déjà sorti toute une série de singles chez Sacred Bones Records, avant de signer chez Arts & Crafts pour TRST, un premier album au visuel intrigant. « J’ai rencontré cette transsexuelle de la pochette de TRST dans un club de Toronto qui s’appelait The River. Elle était en train de danser divinement bien à côté de moi, et elle avait une présence vraiment magnétique. Je lui ai donc proposé de faire des photos, mais je ne pensais pas, à ce moment-là, que cela deviendrait la pochette du disque. »

Désormais seul aux commandes, après le départ de Maya Postepski, Robert Alfons se retrouve face à ses angoisses, lui qui avoue avoir été un adolescent « renfermé sur lui-même et pas très populaire », et qui écoute en boucle Burial, sisters of mercy, de la techno minimale, et surtout Cocteau Twins, son groupe préféré dont il dit adorer l’atmosphère malsaine. En tournée, le leader de Trust semble, pourtant, être quelqu’un d’assez normal, même s’il dérape facilement vers le romantisme léger : « Si j’avais le temps avant le concert de ce soir à Paris, j’aimerais aller au Sacré Cœur et admirer la ville pour pouvoir ensuite monter sur scène avec l’esprit reposé et plein d’inspiration ». Ses objectifs en rentrant de tournée ? « Dormir, surtout. Après une tournée, tout ce que je veux faire, c’est me reposer. Vivre ma vie de tous les jours. A Toronto, je n’ai pas de studio à moi et je n’ai donc pas d’endroit précis où travailler. Je me lève et je fais ce que j’ai à faire, que ce soit de la musique ou autre chose. Mais les jours avec la musique sont toujours les meilleurs. » et même s’il affirme ne pas être un spécialiste sur tout ce qui touche au secteur de la mode, on ne résiste pas à l’idée de lui demander quel est, selon lui, la pop star au look le plus génial : « Sans hésiter, Gwen Stefani période cheveux roses ! ». Comme quoi, on peut jouer de la darkwave couleur corbeau et être un romantique fleur bleue aux aspirations pinky.

Trust, TRST (Arts & Crafts)
www.ttrustt.com

Par Simon Clair et Guillaume Cohonner