C’est connu, le deuxième album est toujours un exercice difficile pour un groupe, dont le succès du pre- mier a été aussi fort que surprenant. après le single « Down The Drain » et plus de 150 concerts, il était clair que le duo parisien, Lilly Wood & the Wood, était attendu au tournant. The Fight réussit allégrement ce pari. en se détachant de leur pop folk originelle, nili Hadida et Benjamin Cotto s’attaquent à une pop dansante inspirée, sur fond de spleen californien rêvé. nous avons tâché d’en savoir un peu plus sur la genèse de ce second LP auprès des deux protagonistes.

Pour cet album, vous avez laissé la folk du premier album de côté, pour des sonorités plus groove, plus californiennes aussi…

Nili Hadida : Oui, mais être catalogué folk au départ, c’était un peu malgré nous. Nous avons commencé à faire des sessions acoustiques avec juste une guitare et une voix, alors que c’était juste la configuration la plus simple pour nous. Et puis, nous sommes arrivés à un moment, où tout le monde faisait du folk, donc nous avons très vite été étiquetés. Alors que c’était de la pop pour nous.

Benjamin Cotto : Nous avions, également, envie de danser avec ce nouvel album. Il y a trois, quatre titres qui sont vraiment dansants, c’est moins atmosphérique que le premier. C’est plus rythmique.

La tournée a-t-elle influencé cet album ?

BC : Quand nous avons enregistré le premier album, nous n’étions jamais partis en tournée. Nous ne savions pas ce qu’était une basse, une batterie sur un morceau. Nous avons fait 150 dates, et cela envoie quand tu as une section rythmique, donc tu as envie de cela sur ton album. Nous voulions un vrai groupe sur notre disque. Mais l’album est aussi assez épuré comme cela.

Il y a vraiment une esthétique côte ouest américaine sur The Fight

nH : J’ai vécu un peu là-bas, nous y sommes déjà allés deux fois ensemble, et nous avons fait notre dernier clip à Los Angeles.

BC : Nous n’avions pas d’esthétique particulière pour cet album, nous faisons les choses spontanément. Le premier morceau s’appelle « California », et il y a un peu de hip-hop californien là-dedans.

Est-ce que le succès du premier album était plus un handicap ou un moteur pour faire The Fight ?

BC : Disons qu’on avait tout à gagner sur le pre- mier. Sur le deuxième, on a tout à perdre. On nous a donné des choses, que l’on peut maintenant nous reprendre ou, en tout cas, ne pas pouvoir garder. Mais en même temps, tous les groupes passent par là.

nH : Le succès du premier album a vraiment été une surprise pour nous. Nous avions nos bou- lots à côté, et nous n’aurions jamais pensé que cela irait plus loin que de faire des concerts au Pop In. Donc oui, nous avons eu de la chance.

Et quel est le meilleur souvenir de votre tournée gargantuesque ?

BC : L’Olympia et le Casino de Paris, c’était vrai- ment exceptionnel. Mais aussi, des dates dans des salles plus petites, comme le jour de l’anniversaire de Nili. Nous jouions au Bikini à Toulouse, et il y avait une piscine derrière la salle. Nous sommes descendus de la scène et avons ramené 1 200 personnes au bord de la piscine. [Rires] Nous avons, également, adoré jouer en Bretagne. Nous avons vraiment un public à Rennes. Le public y a bon goût, c’est peut-être dû à la proximité avec l’Angleterre…

Pourquoi avoir choisi ce titre pour l’album ?

nH : Tout d’abord, c’est un mot qui ressort beaucoup dans les textes, même si je ne m’en suis rendue compte qu’après. C’est, aussi, un peu une bataille de sortir un deuxième album, de le défendre. Cela a également été dur entre nous, car nous ne sommes que deux au sein du groupe. Nous sommes partis ensemble en tournée, nous avons beaucoup d’intérêts communs, mais c’est parfois dur… Même l’enregistrement de l’album n’a pas toujours été facile.

BC : C’est toujours éprouvant, c’est un peu comme un couple à la maison. Tu ne peux pas toujours ou tu n’as pas toujours envie de faire des concessions.

Où avez-vous composé ce nouvel album ?

BC : Nous avons commencé à l’écrire dans le bus, à la fin de la dernière tournée, mais nous avons, également, beaucoup écrit en studio, en improvisant. Nous avons aussi écrit au mas des Escaravatiers qui est un domaine viticole. Nous y sommes restés quatre jours après un festival. Nous avons commencé à la guitare ou au piano.

J’ai l’impression que vous faites partie d’une famille musicale en France…

nH : On commence à être une bonne petite équipe. Nous sommes amis avec les musiciens de Raphaël qui sont, eux-mêmes, potes avec Ben de The Shoes. Pacovolume est, aussi, un proche, comme Gaëtan Roussel ou encore, The Bewit- ched Hands qui n’est autre que le frère de Ben de The Shoes. Nous avons notre petit réseau. [Sourire]

Vous sentez-vous proches musicalement d’autres groupes…

BC : Nous ne suivons pas les mouvances parce que c’est à la mode. Nous n’allons pas faire du surf parce que The Drums marche bien, par exemple. Je trouve que nos albums deviennent ce que les gens en disent. Nous n’aimons pas trop intellectualiser la musique.

Vous avez d’autres projets ?

nH : Nous avons fait la bande originale d’un film, Ouf de Yann Coridian, qui sort le 6 jan- vier, avec notamment Anémone. Nous avons absolument tout fait. Il y a des thèmes, des mor- ceaux chantés, neuf titres. Cela reste vraiment dans notre univers. Nous l’avons fait pendant l’album, et avons réussi à gérer les deux. Le processus a été, finalement, assez facile. Nous regardions la scène, il fallait que cela fasse le bon timing.

BC : Et pourtant, le film est particulier car c’est une comédie dramatique douce-amère. Tu ne sais pas trop s’il faut rire ou pleurer, donc, par- fois, tu ne sais pas quoi jouer dessus.

nH : Le film est très loufoque, c’est l’histoire d’un type qui se fait larguer par sa femme car il a pété un plomb, et il essaye de la récupérer. Nous avons adoré l’expérience, nous allons, d’ailleurs, peut-être faire la musique du court métrage d’un pote.

Vous aimez bien être sur la route en tournée ?

nH : On adore. Cette fois, nous serons douze et voyagerons en tour bus !

BC : Nous avons com.mencé avec un bus de quatre personnes. C’est une victoire d’avoir un grand bus comme cela !

Lilly Wood & The Prick, The Fight (cinq7) www.lillywoodandtheprick.com

Propos recueillis Par Guillaume Cohonner
Photos Tom ts74
Réalisation Mélanie Brault